UN HIVER À VERSAILLES
En 1902, Jenny de Vasson s’installe avec ses parents à Versailles au 3, impasse du Débarcadère (actuel passage Pilâtre de Rozier), dans un hôtel particulier qui devient leur résidence d’hiver. Ils bénéficient désormais de la proximité de la capitale sans pâtir de son agitation, et s’y rendent chaque semaine pour aller au théâtre, au musée ou rendre visite à des amis. La famille prend également part à la vie culturelle versaillaise. Paulin de Vasson donne plusieurs conférences à l’Académie des Sciences Morales, des Lettres et des Arts et fait don à la Bibliothèque municipale en 1908 d’un ensemble d’une centaine de lettres. Rassemblées d’après sa correspondance et celle de ses proches, elles sont signées George Sand, Jean Jaurès, Charles de Montalembert ou encore Joséphin Péladan et témoignent de l’implication des Vasson dans la vie politique, littéraire et intellectuelle de leur temps. Dans ce nouveau foyer versaillais où trônent deux tableaux de jeunesse de Claude Monet donnés par Maurice Rollinat, poète et cousin des Vasson, Jenny installe un laboratoire pour le tirage de ses clichés. Ceux-ci montrent la société familière qui vient lui rendre visite – artistes, écrivains ou amies berrichonnes comme Germaine Molinas, Marthe Brigot ou encore Germaine Voisin dite « Bonne Mignonne ». Y figurent aussi des monuments, qui, à l’image du Grand Trianon, confèrent à Versailles « un petit reflet italien » (Jenny de Vasson, 1906, BnF, Fonds Jean-Richard Bloch). La Grande Guerre amène Jenny de Vasson et ses parents à se retirer à l’abbaye de Varennes, où la photographe décède le 15février 1920, après avoir fait brûler ses manuscrits. Mais ses photographies, prises par jeu ou pour le souvenir, doivent lui sembler en-dehors de toute appréciation critique puisqu'elles échappent au feu. Si la plupart de ces albums et plaques photographiques ont disparu dans le pillage de l’hôtel versaillais en mai-juin 1942, ceux qui subsistent seront précieusement conservés par Paulin et Nannecy de Vasson, puis par David et Germaine Wolkowitsch qui s’installent à leur suite dans la maison versaillaise.