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PORTRAITS ET AUTOPORTRAITS

 

"Mes yeux étaient toujours superbes, seule consolation" : à quatorze ans, Jenny de Vasson se découvre « un âge ingrat tardif » (Cahiers, 1900) et un embonpoint qui ne va plus la quitter. Choisissant le célibat, elle se consacre à l’étude, à la lecture, à la pratique du piano, aux voyages et à ses amis. Elle photographie régulièrement ses compagnes de jeux et de travaux de couture, ainsi que ses amis artistes et écrivains, sur l’œuvre desquels elle porte un regard aigu et maternel. Au-delà du cercle amical, elle réalise le portrait des membres de la société rurale ou citadine qui l’entoure : enfants, vieillards, bourgeois, paysans, mais aussi soldats photographiés au début de la Grande Guerre pour laisser à leurs parents l’image d’un fils parti au front. La composition de ces photographies destinées au souvenir est souvent simple et frontale. Jenny de Vasson joue parfois avec son médium pour élaborer des mises en scène : autoportrait où elle pose en reine vierge couronnée de lys, portrait de son amie Marthe Brigot qui laissent revoir la photographe dans le reflet d’un miroir, ou encore vision de jeunes femmes vêtues de blanc, les yeux clos, debout dans une clairière et parées de végétaux, dans une esthétique qui évoque le pictorialisme contemporain. Ce mouvement qui emprunte aux codes de la peinture est notamment porté par des amateurs ayant accès aux pratiques photographiques grâce aux progrès techniques. Ces compositions restent de l’ordre du jeu. Leur auteur considère qu’il est moins aisé de saisir fidèlement les personnes et les choses.

Être attentif devant la nature et raconter son impression avec une absolue sincérité, cela semble une recette facile. Mais quel travail d'être sincère, que c'est donc peu naturel à l'homme. Arranger les choses - C'est très vite fait. Ne pas les déranger - Il faut la baguette des fées.