Retour aux origines de l'écriture : découverte des tablettes cunéiformes de la Bibliothèque de Versailles.
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Les tablettes cunéiformes de la bibliothèque de Versailles
Parmi tous les trésors conservés à la Bibliothèque centrale de Versailles, se cache un ensemble de 22 tablettes cunéiformes, témoignage de la plus ancienne forme d’écriture connue, à découvrir virtuellement dès maintenant sur votre bibliothèque numérique.
Ces 22 tablettes cunéiformes ont été données à la bibliothèque de Versailles par les deux filles du colonel François-Maurice Allote de la Fuÿe (1844-1939), après son décès survenu à Versailles en 1939, en souvenir du long séjour de leur père dans cette ville.
Le colonel François-Maurice Allote de la Fuÿe, cousin germain de l’écrivain Jules Verne, en plus de sa carrière militaire, était aussi un historien et un archéologue spécialisé en Antiquité orientale ainsi qu’un numismate. Il est à l’origine de découvertes sur l’écriture cunéiforme visible sur des tablettes d’argile trouvées à Sumer, au sud de la Mésopotamie (région historique correspondant, pour sa plus grande part, à l’Irak actuel) et il fut un précurseur dans le domaine de l’Assyriologie (étude de la Mésopotamie et du Moyen-Orient ancien). Il participa au déchiffrement des tablettes cunéiformes qu’il fut un des premiers à recueillir.
Tablette cunéiforme trouvée à Girsu (Tello, Irak), 2340-2200 av. J.-C., BV 1 © Bibliothèque municipale de VersaillesCes tablettes montrent le plus ancien système d’écriture découvert à ce jour. Il a été mis au point en Basse-Mésopotamie entre 3400 et 3300 av. J.-C. puis il s’est répandu dans tout l’ancien Proche-Orient avant de disparaître dans les premiers siècles de l’ère chrétienne.
Les Mésopotamiens exploitaient une terre fertile car située entre deux fleuves, le Tigre et l’Euphrate, ce qui favorisait l’agriculture et la production d’un surplus de nourriture permettant de nombreux échanges entre paysans, artisans, administrateurs et commerçants. Ceux-ci commencent alors à utiliser des dessins pour garder trace de leurs transactions et mieux les organiser. Les relations deviennent de plus en plus complexes et la mémoire humaine est limitée : il s’avère nécessaire de trouver un système nouveau et unifié, permettant de « prendre des notes » pour transmettre des informations orales, puis de restituer le langage. C’est ainsi que naît l’écriture qui n’est pas une invention isolée et correspond à l’évolution de la société. Elle reste, aujourd’hui encore, un moyen de communication essentiel.
Tablette cunéiforme trouvée à Puzris-Dagan (actuelle Drehem, Irak), 2100-2000 av. J.-C., BV 3 © Bibliothèque municipale de Versailles
La graphie de cette écriture a progressivement évolué vers des signes constitués de traits terminés en forme de « coins » ou « clous » (latin cuneus), auxquels elle doit son nom, « cunéiforme », qui lui a été donné aux XVIIIe et XIXe siècles.
A l’origine, cette écriture se pratique par incision sur des tablettes d’argile, à l'aide d'un roseau à base triangulaire appelé calame, et sera, par la suite, utilisée sur une grande variété d'autres supports (papyrus, parchemin).
L’écriture cunéiforme sera d’abord pictographique (dessins stylisés symbolisant l’image de ce que l’on veut dire), puis idéographique (chaque idéogramme représente un mot ou une idée précise) avant de devenir phonétique. Les symboles qui représentaient, à l’origine, des objets, des animaux ou des personnages, seront finalement associés à des sons. Cette transformation permettra d’exprimer des idées plus complexes et de réduire le nombre de symboles de l’écriture cunéiforme.
Cette écriture, d’abord utilisée dans un but commercial, deviendra ensuite indispensable pour répondre à différents besoins de la société, notamment dans les domaines religieux, administratifs et scientifiques comme l’ont découvert les chercheurs qui l'ont déchiffrée.
Umma, Nippur, Lagash, Girsu et Puzris-Dagan sont les noms des anciennes cités mésopotamiennes, situées dans l’actuel Irak, d’où proviennent les 22 tablettes conservées à la Bibliothèque centrale. Nippur était l’un des principaux centres religieux de Sumer car c’était le plus important lieu de culte du grand dieu sumérien, Enlil, considéré comme le seigneur du cosmos.
Ces tablettes cunéiformes nous permettent un voyage dans le temps en nous mettant en contact avec le mode de vie de l’une des plus anciennes civilisations connues.
Une partie de notre collection de tablettes cunéiforme est actuellement exposée
Exposition Trésors des bibliothèques de Versailles
Du 16 septembre au 16 décembre 2023
Catalogue en vente à l'accueil de l'exposition
Bibliothèque Centrale - Galerie des Affaires Étrangères (5 rue de l'Indépendance américaine)
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