"Louis XVI et sa famille", Portrait A Louis XVI (37)

Portraits cachés de la famille royale

 

Les collections d’estampes de la Bibliothèque de Versailles conservent de nombreux portraits, en particulier des portraits de souverains français dont certains sont cachés… mais aujourd’hui mis en ligne sur la Sirène. 

 


Jean-Jacques Hauer, "Les Adieux de Louis XVI à sa famille le 20 janvier 1793", 1795, huile sur bois, 64,5 x 53 cm, Versailles, musée Lambinet, Inv. 759. © Musée Lambinet, ville de Versailles / Art Shooting

En effet, au moment de la Révolution française, la France se divise en deux camps, les révolutionnaires et les royalistes ; ces derniers révélant parfois seulement dans l’intimité leur fidélité à la couronne. Dès l’emprisonnement de la famille royale au Temple le 13 août 1792, cette partie de la population, très impressionnée et choquée par la situation, développe un véritable culte envers le souverain déchu et ses proches. Des peintures les représentant emprisonnés sont réalisées, notamment par le peintre Jean-Jacques Hauer, et on va même jusqu’à collecter des objets de leur quotidien pour le souvenir. Les exécutions de Louis XVI et de Marie-Antoinette, respectivement le 21 janvier et le 16 octobre 1793, celle de la sœur du roi, Madame Elisabeth, le 10 mai 1794, puis la mort tragique du jeune Louis XVII le 8 juin 1795 renforcent cette dévotion secrète. 

20241219 Portraitscaches visuel1Bonbonnière royaliste, vers 1800,  écaille et impression sur soie, Versailles, musée Lambinet, Inv. 804. © Musée Lambinet, ville de Versailles / Cyrille Collot

C’est dans ce contexte que se développent des estampes séditieuses, représentant des portraits cachés de la famille royale dans un paysage allégorique et funéraire. Ces gravures, vendues dans les arrières boutiques ou par les colporteurs, pouvaient s’échanger en cachette et on les retrouvait parfois collées au fond d’une tabatière ou dans un livre, collectionnées avec d’autres objets d’art décoratifs séditieux (éventails, cannes…). Le musée Lambinet à Versailles conserve par exemple une bonbonnière cachant les visages royaux dans une pensée.

 

L’iconographie de ces estampes est sensiblement la même : elles représentent un monument funéraire ou une urne, élevés à la mémoire de la famille royale. Un saule pleureur, évoquant la tristesse de leur destin, surplombe le monument et des cyprès en arrière-plan, symbolisent l’éternité. Parfois, la figure allégorique de la Monarchie française, portant un manteau fleurdelisé, est représentée pleurant auprès du tombeau. L’urne mortuaire forme, par son profil en négatif, les profils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, dans un face-à-face éternel. Les profils de leurs enfants, Madame Royale (duchesse d’Angoulême à partir de 1799) et le jeune Louis XVII se cachent quant à eux dans les feuillages du saule pleureur, accompagnés du profil de leur tante Madame Elisabeth, et parfois de la princesse de Lamballe, amie de la Reine qui les avait accompagnés dans les tourments du Temple.

Anonyme, "Saule pleureur", A Paris, chez Basset, v. 1800, gravure en taille-douce, 28 x 19 cm (élément d’impression),Versailles, Bibliothèque municipale, Portrait A Louis XVI (39). Sont entourés les profils de Louis XVI, de Marie-Antoinette, de Madame Elisabeth, de Louis XVII et de la duchesse d’Angoulême. © Bibliothèque municipale de Versailles  

Les estampes séditieuses, représentant des portraits cachés de la famille royale, permettaient ainsi une révolte discrète et un culte nostalgique envers le souverain et ses proches pendant les tourments de la Révolution française, culte qui sera plus assumé pendant la Restauration.

Portrait A Louis XVI (38)
Portrait A Louis XVI (37)
Portrait A Louis XVI (39)
Portrait A Louis XVI (46)

Pour voir les estampes dans la visionneuse, cliquer sur les liens ci-dessous :

- Portrait A Louis XVI (37)

Portrait A Louis XVI (38)

Portrait A Louis XVI (39)

Portrait A Louis XVI (46)

 

Pour en savoir plus :
- Rosine Trogan, « La naissance de la légende », dans Marie-Antoinette, cat. exp. Paris, Galeries nationales du Grand Palais, Paris, Editions de la Réunion des musées nationaux, 2008, p. 376-377.